Le consensus est- il mou ?
Quand j’échange avec des managers ou des dirigeants sur le notion de consensus, très souvent j’entends « C’est une non-décision » « On veut éviter les sujets qui fâchent ».
Alors le consensus est-il une manière de faire trop polissée, qu’est ce qui donne cette impression de mou ?
Revenons d’abord à la définition du mot.
Le Robert nous dit : Consensus est un nom masculin qui désigne l’accord entre des personnes.
Le Larousse lui dit : Consensus est un nom masculin qui signifie accord et consentement du plus grand nombre, de l’opinion publique.
Alors si le consensus rassemble le plus grand nombre des accords, pourquoi a-t-il cette réputation au sein des entreprises ?
Une des explications selon moi vient du fait que le consensus appartient à la catégorie des décisions horizontales. C’est à dire que l’ensemble des personnes concernées se positionne par rapport à un choix. Et il faut bien le dire, une grande majorité des dirigeants et managers ne sont pas toujours confortables avec des décisions, des choix qui ne reflètent pas leur position. Peut se cacher derrière cette idée, la crainte, la peur de faire des mauvais choix, celle d’être remise en cause par sa hiérarchie en cas d’échec.
L’autre résistance que j’observe souvent n’est pas forcément la crainte que le choix soit mauvais, mais tient plus du rôle supposé du leader.
L’héritage d’un management pyramidale induit une idée selon laquelle le leader sait, tranche et décide (décision verticale). Si je ne décide plus, à quoi je sers ???
Et la dernière objection « mais ça prend trop de temps ! Ecouter, partager les points de vue, trouver des ajustements … on a pas le temps»
Les 2 1ère objections nous invite à faire évoluer les représentations et les comportements qui en découlent. Et ce n’est pas simple.
A ceux qui pensent que les décisions ne seraient pas meilleure prise en consensus, je les invite à réfléchir aux biais cognitifs que nous avons tous. Prendre une décision seul, c’est faire appel à un seul champ d’expériences, d’analyses. Bien sûr, les biais cognitifs en collectif existent aussi, notamment un bien connu « le biais de conformité ». Mais utiliser des processus d’intelligence collective peut aider à les diminuer, à défaut de les neutraliser.
A ceux qui se demandent à quoi ils serviront s’ils ne sont plus aux « commandes », je pense qu’en tant que leader savoir créer les conditions de prise de décisions collectives est un challenge très stimulant pour un leader. Et qu’ils se rassurent aussi, je ne dis pas que toutes les décisions doivent être prise en collective. C’est d’ailleurs, souvent un piège dans lequel tombent les entreprises qui veulent faire du « co » à tout va. La clairvoyance du leader est de savoir identifier les décisions qu’il doit prendre seul et celles qui requièrent l’intelligence du collectif.
Et concernant le temps long c’est indéniable. C’est plus long de prendre des décisions à plusieurs, de trouver un consensus. Par contre, une fois la décision prise la mise en oeuvre est beaucoup plus rapide, immédiate. J’ai participé, j’ai donné mon avis, je suis ok avec la décision donc j’y vais. Je ne reviens pas voir mon manager, dirigeant pour re-questionner ou argumenter contre la décision prise.
Le temps, l’énergie consacrée en amont n’est plus à déployer après dans la mise en œuvre.
D’expériences les éventuelles tensions lors de la prise de décisions ne sont pas aussi énergivores que celles générées par des personnes qui résistent.
Et les nouvelles générations s’accommodent mal de décisions trop souvent verticales.
Pour eux, habitués depuis tout petit à ce qu’on leur demande leur avis (« tu veux quel yaourt ? où tu veux partir en vacances ? Comment tu veux t’habiller ce matin ? »), des décisions verticales amènent ce sentiment de « ce qui est fait sans moi est fait contre moi ». Même si l’intention n’est pas celle là.
Et prendre des décisions en groupe, ça s’apprend ! L’objectif n’est pas de transformer vos réunions ou codir en café du commerce !
Apprendre à s’écouter, à calmer son égo qui veut avoir raison, à rester focusé sur l’intérêt général et non sur des ressentis de personnes …
Et il existe des processus de décisions collectifs, d’élections sans candidat…
Et vous comment les décisions se prennent-elles dans vos organisations, vos équipes ?
Où concentrez vous votre énergie ?
A faire émerger des consensus ou à pousser sur la mise en œuvre de vos décisions ?
d’expérimenter des nouvelles manières de décider ensemble.
Nos derniers articles
Le coaching d’associés
L’association entre entrepreneurs est aujourd’hui de plus en plus fréquente. Environ 40 % des créations d’entreprise selon l’INSEE. Elle a le mérite de mettre en
La Haute Sensibilité : Une Exploration selon Elaine Aron
La haute sensibilité, également connue sous le terme de personnes hautement sensibles (HSP), est un trait de personnalité étudié et popularisé par la psychologue américaine